Nous allons tout vous révéler sur cet éditorial qui vient d’être publié, dont la thématique est «Actualité française».
Depuis 2019, où il a enregistré sa première agression terroriste, le Bénin est devenu une cible privilégiée de la poussée djihadiste en Afrique de l’Ouest. La riposte engagée par le pays est ambitieuse mais a du mal à engranger des victoires décisives, avec une armée qui, au péril de la vie de ses hommes, apprend à faire malaisément la guerre contre l’invisible.
Environ 217 soldats tués. L’armée béninoise paie visiblement un lourd tribut humain dans les attaques terroristes perpétrées sur son sol depuis au moins décembre 2021. L’attaque du 17 avril 2025, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a entraîné la perte la plus lourde subie lors d’une incursion, soit la mort de 54 militaires béninois, presque le double du précédent record du nombre de victimes : 28 soldats morts le 8 janvier 2025.
Couacs stratégiques et tactiques
Si l’armée béninoise se targue d’avoir neutralisé une centaine de djihadistes et repris le contrôle de territoires comme ceux des villages de Koalou-Koulou, à la frontière avec le Burkina Faso, les pertes subies par le Bénin sont jugées « sévères » et symptomatiques de « failles structurelles » dans la réponse militaire béninoise. Incarnée par l’opération Mirador, forte de plus de 3 000 militaires auxquels vont progressivement s’ajouter 3 500 supplémentaires, elle est destinée à sécuriser les espaces frontaliers du nord du pays et à contenir les incursions djihadistes.
Pour soutenir les hommes sur le terrain, « d’importants investissements sont consentis pour acheter du matériel militaire adapté aux menées asymétriques des groupes djihadistes », confie un officier de l’état-major du Bénin. De même, le pays a bénéficié, de la part des États-Unis et de la Chine, d’importants dons en matériel : véhicules blindés, drones, avions de surveillance, matériel de communication… Le 6 mars dernier, l’UE a offert aux forces béninoises un aéronef de type Cessna 208 B en vue de renforcer leurs capacités opérationnelles en matière de renseignement et de reconnaissance.
« Le problème du Bénin n’est pas tant le manque de moyens que leur utilisation », se désole un expert militaire qui cite l’exemple de la base militaire de Kandi, située à plus de 200 km au sud de la zone du Point triple, où convergent les frontières du Burkina, du Niger et du Bénin, là où l’armée a subi un lourd revers en janvier 2025. « Le temps de réaction est trop long pour venir en renfort et arroser le couloir de repli des terroristes », analyse l’expert, qui, en outre, parle d’une « cécité aérienne » pour caractériser le faible recours aux aéronefs par l’armée béninoise alors que la vastitude des zones du conflit et leur caractère accidenté l’exigent.
Le récent lancement de recrutement de pilotes de drone montre que le Bénin a commencé à saisir l’enjeu de la bataille par les airs. La maîtrise des contrées et des raccourcis dans les zones montagneuses constitue un « énorme avantage comparatif pour les groupes terroristes » face aux soldats, dont « la plupart se trouvent en terres inconnues ».
À Cotonou circulent de nombreuses vidéos sur les assauts des terroristes, les corps de soldats béninois tués, la saisie de quantités importantes de leur matériel… Celles diffusées après l’attaque du 17 avril montrent notamment des mitrailleuses lourdes américaines M2HB, des mortiers chinois PP87, des drones, des lance-roquettes et plus de 300 chargeurs de munitions, au point que certains se demandent ici comment, forts de tels équipements, les soldats ont pu ainsi céder un pouce, visiblement sans grande résistance. Sur le terrain, plusieurs avis convergent pour reconnaître qu’il y un « énorme défi lié à la formation des soldats » et à la maîtrise des technologies nouvelles. « Le Bénin est dans une situation d’urgence, note notre expert militaire, et, en l’absence d’expériences éprouvées dans le bourbier des opérations de combats, ce n’est pas évident que les soldats, dont beaucoup sont très jeunes, soient rapidement prêts techniquement et mentalement pour bien faire le job ».
Biais dans la coopération sous-régionale
Les autorités béninoises sont conscientes des faibles résultats de la campagne militaire antiterroriste. C’est « le seul domaine dans lequel nous sommes toujours à la peine », a reconnu le président Patrice Talon dans son discours à la nation prononcé le 20 décembre 2024 devant le Parlement. Dans ce discours, il a également indexé le fait que les terroristes sont « en totale liberté dans des pays voisins ». En effet, selon plusieurs témoignages de hauts responsables militaires, « les terroristes sont en totale liberté sur plus d’une centaine de kilomètres sur le territoire burkinabé jusqu’à la frontière avec le Bénin ». En plus de cette liberté dont jouissent les terroristes dans les espaces frontaliers des pays voisins, « le Bénin n’a plus aucun droit de poursuivre ces terroristes jusqu’à fouler les territoires de ses voisins » depuis que ces deniers ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Après l’attaque meurtrière du 17 avril, le porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Houngbédji, a encore insisté sur cette faible coopération entre les pays voisins qui fait ainsi les affaires des terroristes : « Notre situation serait plus facile si nous avions une belle coopération avec les pays qui nous entourent. Si, de l’autre côté de la frontière il y avait un dispositif au moins comme le nôtre, ces attaques ne se dérouleraient pas de cette façon. »
Infiltration communautaire
L’utilisation du Burkina et du Niger comme base arrière ou comme lieu de repli tactique n’explique pas tout. Comme l’analyse un universitaire à Cotonou, « les djihadistes ne cherchent pas à arracher des territoires au Bénin. Ils n’en ont pas besoin puisqu’ils ont infiltré les communautés et y ont de solides relais ». À coups de violence et d’argent, ils exploitent les vulnérabilités des jeunes et des femmes, les vieilles tensions ethniques notamment entre agriculteurs et éleveurs. Dans la plupart des localités frontalières au nord, les groupes terroristes ont développé des réseaux de renseignement et de soutien logistique qui leur offrent souvent une avance considérable sur les forces nationales de sécurité et de défense.
Ayant pris conscience du fait que la lutte contre le terrorisme ne saurait être que militaire, le pays s’est doté en février 2021 d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent. Dans ce cadre, plusieurs projets sont lancés pour améliorer la cohésion sociale et la résilience des populations vulnérables au terrorisme. C’est le cas du projet Cohésion sociale des régions nord du golfe de Guinée (Coso). Financé à hauteur de 33 millions de dollars par la Banque mondiale, ce projet vise, entre autres, à « renforcer la résilience socio-économique et climatique des communautés frontalières vulnérables », soit environ 524 500 bénéficiaires.
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« Le problème de ces genres d’initiatives, observe le sociologue des questions militaires Paul Affanmin, c’est qu’elles ne s’inscrivent pas dans la durée ». Cet acteur explique que, dans les espaces frontaliers, il y a « un véritable problème d’appartenance à la communauté nationale » et que « le sentiment d’abandon est si fort que les terroristes sont souvent perçus comme des sauveurs à travers la masse d’argent qu’ils brassent pour réaliser, par exemple, un point d’eau dans un village ou pour rémunérer grassement des jeunes sans emploi pour leur appui ».
Si, à côté de la riposte militaire, le Bénin prend de plus en plus conscience de l’importance des mesures préventives de l’extrémisme violent et y travaille à coups de projets, de nombreux observateurs appellent cependant à la patience. « Il ne suffit pas de mener quelques campagnes de sensibilisation ou de construire quelques services sociaux de base dans les espaces frontaliers pour sortir les communautés de l’emprise des groupes terroristes », souligne un responsable d’ONG locale basé à Kandi. Un journaliste d’une radio communautaire locale reste formel : « Il faudra un engagement soutenu sur au moins une vingtaine d’années avant de pouvoir récolter les fruits du civisme contre le terrorisme. »
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