Cette semaine, Le Point vous propose d’infiltrer le monde ouvrier avec Machine de Fred Grivois, une idée inspirée du conseil d’Emmanuel Macron à la jeunesse : « lire Karl Marx ». Le sosie d’Uma Thurman dans Kill Bill (Margot Bancilhon, qui exécute elle-même toutes ses cascades) va aider une entreprise d’électroménagers à se révolter avec l’aide de son ami marginal JP (JoeyStarr). On glisse doucement vers le film noir, avec Sugar, une série hommage dépeignant l’histoire d’un détective privé au charme indéniable, qui enquête sur la disparition d’une jeune fille aux abords de Los Angeles. Nous restons dans le thème du polar avec Anthracite, une fiction déchaînée de secte suicidaire dans les Alpes, qui ressurgit trente ans plus tard.
Enfin, vous pourrez replonger dans une douce nostalgie en découvrant Samuel, une série d’animation poétique qui raconte la vie sentimentale d’un garçon de 10 ans à l’aube des années 2000.
Machine : justice sociale
Décapante. C’est l’adjectif qui qualifie le mieux cette minisérie d’Arte qui réunit habilement action et humour sur fond de colère sociale. « Machine » est le mystérieux personnage incarné par Margot Bancilhon (récemment vue dans la série De Grâce), une ancienne combattante des forces spéciales, experte en kung-fu. La jeune femme est taiseuse, sauvage et a un gros faible pour l’alcool. Recherchée par l’armée, elle cavale jusqu’à atterrir dans une usine d’électroménagers d’une petite ville de province, où elle se fait engager comme intérimaire. Elle rencontre JP, campé par JoeyStarr, un ancien toxicomane rompu au cyclisme et à Karl Marx, qui la convainc de se battre non plus pour elle, mais pour leur entreprise qui va se faire délocaliser.
Ponctuée d’aphorismes marxistes et menée par une Margot Bancilhon aussi tranchante que l’héroïne de Kill Bill, cette fiction est bâtie sur une idée innovante. Elle est écrite par Thomas Bidegain (scénariste d’Un prophète et De rouille et d’os) en collaboration avec Fred Grivois, qui assure une mise en scène presque cartoonesque.
Machine, diffusé sur Arte depuis le jeudi 11 avril à 20 h 55 et disponible en replay sur Arte.tv.
Sugar : savoureux thriller noir
John Sugar (incarné par Colin Farrell) est un brave type, il n’aime pas la violence mais y cède quand c’est nécessaire. Après un court passage au Japon et au Moyen-Orient pour le travail, ce détective privé rentre à Los Angeles avec l’envie de prendre du repos. Ce mordu de films noirs des années 1950 reprend immédiatement du service, lorsqu’un producteur qu’il adule lui demande de retrouver sa petite-fille, Olivia Siegel. Peu à peu, notre héros, tendance Humphrey Bogart, se retrouve confronté aux nombreux secrets de la famille Siegel. Une voix off livre ses états d’âme et ses réflexions avisées tout au long du récit. Empruntant de manière assumée tous les codes du vieux polar hollywoodien, cette série dégage une nostalgie que l’on apprécie au fur et à mesure des épisodes – comme un bon rye whisky, qui enivre doucement, mais sûrement.
Sugar, disponible sur Apple TV.
Anthracite : polar montagnard fumeux
Écrite par Fanny Robert (scénariste de la série Profilage sur TF1) et Maxime Berthemy, cette saga énergique commence en 1994, lorsqu’une étrange communauté au cœur des Alpes commet un suicide collectif. Trente ans plus tard, une jeune femme est retrouvée assassinée selon les rituels de cette secte pourtant démantelée. On s’épuise plus qu’on ne s’amuse devant Ida (Noémie Schmidt) qui interprète une adepte survoltée du « web sleuthing » (passion pour résoudre des affaires irrésolues sur Internet) à la recherche de son père et aidée par un jeune délinquant, Jaro (joué comme un amateur par Hatik, héros de la série Validé). Anthracite et ses merveilleux panoramas enneigés a beau tout faire pour nous divertir avec des retournements loufoques, on finit tout de même par se lasser de cette intrigue fumeuse.
Anthracite, disponible sur Netflix.
Séance de rattrapage
Samuel : dans le cœur d’un garçon
Il est en CM2, il chante ABBA dans sa chambre, il n’aime pas la pluie et il est amoureux de la grande Julie. Maladresses enfantines et aléas des premières amours, bienvenue dans la vie de Samuel, un enfant de dix ans du début des années 2000. Dans de courts épisodes animés en noir et blanc et au trait épuré, Émilie Tronche nous dresse le portrait poétique d’un garçon qui connaît ses premiers déboires sentimentaux.
La créatrice nous fait ainsi revivre nos jeunes années avec candeur et beaucoup de finesse, en s’inspirant de ses propres souvenirs. Une série de 21 épisodes qui met en avant une génération d’enfants pas encore asphyxiée par les écrans et les réseaux sociaux, une époque où l’on prenait le temps de regarder la pluie. En se posant des questions simples, intimes, comme LA question : « Et toi, tu m’aimes ? » Depuis, Samuel attend une réponse… Nostalgie quand tu nous tiens.
Samuel, série animée disponible sur Arte.tv et YouTube.
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