Les 2 000 premiers prisonniers membres des gangs appelés « maras » ont été transférés le vendredi 24 février dans le plus grand centre pénitentiaire du continent américain, pouvant accueillir jusqu’à 40 000 détenus. « Ce sera leur nouvelle maison, où ils vivront pendant des décennies, mélangés, incapables de faire plus de mal à la population », a déclaré vendredi sur Twitter le président salvadorien Nayib Bukele qui mène une « guerre » très médiatisée contre les gangs criminels.
Les images impressionnantes de ce transfert ont été largement relayées par la presse américaine. On y voit des centaines d’hommes enchaînés, torses nus, le crâne rasé, les mains derrière la tête et la peau recouvertes de tatouages. Ces membres de gangs, principalement issus de la Mara Salvatrucha et du Barrio 18, ont été transférés au pas de course, têtes baissées, au milieu d’un cordon de policiers salvadoriens armés et encagoulés. Cette prison flambant neuve, de haute sécurité et aux équipements de surveillance de pointe, installée à Tecoluca (à 70 kilomètres à l’est de la capitale San Slavador) est baptisée « CECOT », l’acronyme pour Centre de confinement du terrorisme. Ce « Guantanamo » des gangs, la plus grande prison d’Amérique, est un projet du président Nayib Bukele qui a fait la lutte contre les bandes armées son cheval de bataille.
Le journal El Mundo dans un éditorial s’interroge sur le sort de ces milliers de jeunes hommes » qui ne retrouveront sûrement jamais la liberté ». « Une jeunesse gâchée dans la délinquance et le crime », peut-on lire dans les colonnes du journal salvadorien, condamnée à « un futur obscur entre quatre murs ». Le grand défi du gouvernement, estime le quotidien, sera à plus long terme de « donner des opportunités aux jeunes plongés dans la pauvreté afin qu’ils cessent de se convertir en criminels ».
« Politique du chiffre » et maîtriser les droits humains
Le président Bukele, élu en 2019, est extrêmement populaire pour cette politique de lutte contre les gangs armés. Le président se vante d’avoir fait du Salvador « le pays le plus sûr de toute l’Amérique ». Le taux d’homicides a effectivement drastiquement chuté depuis 4 ans, rapport le journal Contre Point, qui considère que la voie est libre pour une réélection de Nayib Bukele. Les élections sont annoncées l’an prochain en février 2024 et selon un sondage repris par le journal, Nayib Bukele jouirait de 90 % d’opinions favorables. Seul hic : les interprétations sur la Constitution salvadorienne diffèrent quant à la possibilité pour un président de briguer deux mandats d’affilée.
Vue des pays de la région, la guerre menée par Nayib Bukele contre les gangs est « efficace et audacieuse », estime le journal colombien Semaine. Cependant, cette politique s’est traduite par de nombreuses violations des droits humains, rappel le quotidien colombien Le Faro. Depuis le mois de mars de l’année dernière, le président a obtenu du Parlement la mise en place d’un état d’urgence renouvelé sine die. En une année, plus de 60 000 personnes suspectées d’appartenance à des groupes crapuleux ont été mises derrière les barreaux. Cette politique du chiffre, avec des arrestations et tortures de nombreux innocents, constituante des graves à l’État de droit, estime le quotidien. L’insécurité est en berne au Salvador, devenue un « État-prison ».
Assassinat d’un chef indigène en Équateur
En Équateur, la police a saisi environ 8,8 tonnes de cocaïne dissimulée entre des bananes dans un conteneur à destination de la Belgique dans le port de Guayaquil. Une autre actualité fait aussi l’Une de la presse nationale alors qu’un dirigeant d’une communauté indigène a été assassiné dans le nord du pays. Eduardo Mendua, l’un des représentants de la communauté Cofan a été tué par balle par des hommes encagoulés à Sucumbios. Il était membre de la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur. Un défenseur de l’environnement, rappelle le journal L’universqui s’était opposé aux activités du groupe PetroEcuador dans sa région.
Selon El Telegrafo, le président Guillermo Lasso a personnellement demandé à ce qu’une enquête soit menée, promettant que le crime ne resterait pas impuni. Ce dernier fait face depuis un à une fronde tenace des communautés indigènes et paysannes venues des périphéries du pays. La Confédération, dont était membre Eduardo Mendua, demande la diffusion du président Lasso contesté dans les rues. Signe que la tension est vive en Équateur, la caricature du jour, signée par le journal La Horaprésente un pays à feu et à sang, dont les conflits sont instrumentalisés et attisés par des mains représentent les « mafias, les ex-gouvernants, la corruption et les drogues » qui entraînent la « division du pays » ».
Manifestations au Mexique
La presse mexicaine est revenue ce lundi 27 février sur les manifestations de la veille. « Marée rose » dans les rues des grandes villes du pays, titre le quotidien Indigo. À l’appel de l’opposition de droite, des dizaines de milliers de Mexicains500 000 selon les organisateurs cités par La Razonont défilé contre la réforme controversée du président Andres Manuel Lopez Obrador (AMLO) visant à tailler dans le budget de l’Institut national électoral, à un an de la présidentielle.
Dans les colonnes du journal Miléniole président du parti présidentiel, Morena, estime que ces manifestations sont « une farce » organisé par des « conservateurs » souhaitant « un retour du Mexique en arrière, vers plus de corruption et de manipulations électorales ».
Mission de la Caricom en Haïti
Une délégation de la Communauté des Caraïbes (Caricom) est attendu lundi à Port-au-Prince, selon une déclaration du ministre des Affaires étrangères de Trinidad et Tobago. À l’ordre du jour : la crise sécuritaire en Haïti. Comment endiguer les violences ? Selon le journal Juno7la délégation sera conduite par le Premier ministre jamaïcain Andrew Holness.
La Jamaïque est l’un des seuls pays, avec les Bahamas, à avoir proposé d’intervenir auprès des autorités haïtiennes pour lutter contre l’insécurité, se prêtant à participer militairement à une force internationale. Radio Télé Métronome indique également qu’un émissaire du Canada, autre soutien du gouvernement, sera présent dans cette délégation.
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